L'université de Fribourg organise un colloque sur l'actualité de l'Esthétique de Lukács
Ce colloque a lieu les vendredi 22 et samedi 23 avril 2022.
Salle MIS 02 2122
Inscriptions : christoph.haffter@unifr.ch
Université de Fribourg
Av. de l'Europe 20
CH-1700 Fribourg
Compte-rendu du Colloque :
Le colloque sur l’Esthétique de Georg Lukács, tenu à l’occasion de sa première traduction en français, s’est déroulé les vendredi 22 et samedi 23 avril 2022 à l’Université de Fribourg. Il aura réuni, devant un public essentiellement composé d’étudiants, six conférences d’environ une heure chacune, suivies à chaque fois d’une longue discussion. Cet événement trilingue aura permis aux intervenants d’échanger sur une œuvre encore négligée dans le monde francophone. Le format, où tous se concentraient sur le même livre, s’est révélé fructueux : l’objet était bien connu de tous, et en même temps tous avaient des questions irrésolues que les conversations ont pu mettre en évidence et approfondir. L’examen, à travers les différents exposés, de thèmes récurrents, aura permis de mettre en lumière leurs nombreuses facettes.
L’événement s’est ouvert sur une intervention de Guillaume Fondu (EHESS), co-traducteur de l’Esthétique, qui, après l’avoir située dans l’œuvre de Lukács, a soulevé le champ particulièrement vaste qu’elle recouvre, et les problèmes qui surgissent lorsqu’on veut la borner à une théorie de l’art. Il en a proposé une lecture comme une théorie du récit, notion envisagée dans un sens politique, dépassant le seul cadre de l’esthétique.
La contribution de Kristin Bönicke (Humboldt, Berlin) poursuivait l’événement par un examen de la relation forme-contenu chez Hegel, sa critique par Lukács, et l’idée propre à l’Esthétique de cette relation. Elle aura montré l’importance d’une primauté du contenu pour une esthétique marxiste, et les conditions d’une détermination de la spécificité – notion à la fois difficile à cerner et capitale chez Lukács – du reflètement esthétique.
Victor Ausländer (Uni Fribourg) aura clos cette première journée avec une conférence sur les notions de catharsis et défétichisation, thèmes centraux de l’esthétique lukácsienne et abordés également dans presque chacune des autres interventions. Il aura notamment voulu déterminer le sens, élargi, que prennent ces notions dans l’Esthétique, et leur rapport à la conception marxiste de la nature humaine.
La deuxième journée s’est ouverte sur une contribution de Stéphanie Roza (ENS Lyon ; CNRS), qui aura approfondi ce thème de l’humanisme dans la pensée de Lukács. Après avoir rendu compte des racines humanistes du marxisme, situées comme enjeu politique au cours du 20ème siècle, elle a mis en valeur cet humanisme, ses raisons, et son sens dans l’esthétique lukácsienne.
Jean Quétier (Uni Strasbourg) a continué cette deuxième journée par une conférence sur la réception de l’Esthétique en RDA (où elle a d’abord été publiée), notamment à travers les figures de Wolfgang Harrich, Wolfgang Heise, et Sebastian Kleinschmidt. Il a fait ressortir la place particulière occupée par Lukács dans ce contexte, et rendu compte de débats esthétiques entre ces figures, en particulier autour de la notion de totalité.
L’événement s’est clos sur une intervention de Christoph Haffter (Uni Fribourg), comparant les esthétiques de Lukács et d’Adorno, s’interrogeant notamment sur la question d’une origine de l’art, dont il a montré qu’elle se conçoit chez Lukács comme une origine toujours en cours d’actualisation. Il aura en outre mis en évidence la valeur contemporaine de l’ouvrage.
Dans l’ensemble, les discussions ont été riches, centrées sur l’œuvre, et suffisamment de temps leur a été accordé pour qu’émergent problèmes et tentatives de résolution ; elles se sont d’ailleurs poursuivies au restaurant. Une publication des actes est, avec un peu de chance, à suivre.