Cet article se situe dans un contexte bien différent de celui que connaissent aujourd’hui ceux qui, peu nombreux, s’efforcent, au travers de la pensée de Lukács, de faire (re)vivre un marxisme véritable, fidèle à la philosophie matérialiste-dialectique.
Après l’intervention soviétique de novembre 1956 en Hongrie et la chute du gouvernement d’Imre Nagy dont Lukács était le ministre de l’éducation populaire, les dirigeants réfugiés à l’ambassade de Yougoslavie ont été, en violation des assurances données par János Kádár, déportés en Roumanie. Nagy et plusieurs de ses compagnons seront jugés et exécutés. Lukács revient en Hongrie le 10 avril 1957, sans être davantage inquiété. Mais il est exclu du Parti (il ne sera réintégré que 10 ans plus trad) et se consacre à ses études philosophiques, esthétiques. Il publie désormais à l’ouest.
C’est ainsi que La signification présente du réalisme critique paraît en Allemagne en 1958, L’esthétique en 1963. Lukács conserve des liens avec les communistes italiens, sans doute par affinité à la pensée de Gramsci, et publie dans Nuovi Argumenti son Postscriptum de 1957 à Mon chemin vers Marx, et sa Lettre à Alberto Carocci sur le stalinisme. (1962)
C’est à partir de cette époque qu’il commence à être connu en France dans les milieux de gauche non communiste : Parution en 1960 d’Histoire en Conscience de classe, articles dans Les Temps modernes, livres chez Maspéro.
Il reste cependant attaché au « camp socialiste » dont la pérennité semble assurée et envisage, sans trop d’optimisme, l’aspect culturel de la coexistence pacifique, entre un marxisme discrédité et mutilé par le stalinisme dogmatique et les visions occidentales du monde.
http://amisgeorglukacs.org/2022/10/georg-lukacs-problemes-de-la-coexistence-culturelle-1964.html